Origines de l’Ayurveda, origines du Dravya Guna

Le Dravya Guna est la science des Substances (Dravya) et de leurs Qualités (Guna).

Pour comprendre les principes du Dravya Guna, il nous faut faire un petit retour en arrière aux origines de l’Ayurveda.

Il y a des milliers d’années vivaient dans les Himalayas les Rishis. Littéralement « Voyants » en Sanskrit, les Rishis étaient des ascètes qui vivaient dans les forets Himalayennes et y pratiquaient des austérités pour la prospérité du monde.

Un beau jour certains d’entre eux décidèrent de descendre dans les plaines rendre visite aux paysans, ceux qui avaient troqué leur vie de chasseur cueilleurs pour une vie sédentaire.

Après quelques jours parmi les paysans ils se rendirent compte que ce nouveau mode de vie avait rendu les hommes malades. Tous les éléments de la vie sédentaire : de la qualité des viandes et légumes des fermes (malnutrition) à la densité de la population (épidémies) produisirent de nouvelles maladies, méconnues des Rishis nomades qui dans les jungles et forets.

Les Rishis eux même sentirent la maladie venir et décidèrent aussitôt de remonter dans leurs montagnes méditer sur une solution pour la santé de l’Homme.

Dans de profondes méditations les Rishis virent la composition de la matière, du corps et l’origine de la maladie.

I. Origine de la matière (cinq éléments)

La matière est faite de cinq éléments qui en déterminent les caractéristiques (Guna) :

Aakaash
espace

Vaayu
air


Vaayu, c’est la vent, le premier mouvement qui a lieu dans le vide. C’est la circulation dans l’espace. Le vent assèche, il est léger et fin, grâce à quoi il pénètre facilement, et le vent est par défaut frais.

C’est l’élément associé au toucher, on le sent sur notre peau.

Vaayu c’est l’élément qui va propulser tout ce qui emprunte les structures creuses du corps, notamment tous les vaisseaux (sanguins, nerveux etc…) mais aussi qui va diriger les échanges de part et d’autre des membranes. De manière générale c’est l’élément qui va façonner les formes du corps. Il met également le corps en mouvement.

Il se retrouve avec Aakaash dans Vāta Dosha et Tikta Rasa.

L’infusion Pramati incarne les fonctions de Vaayu et encourage la circulation quand le froid hivernal menace de congestionner le corps.

Tejas
feu

Jala
eau

Prithvi
terre


Les cinq éléments sont l’origine de tout ce qui existe, ils se conjugent pour engendrer le monde, notre corps, et les objets qui nous entourent.

Par exemple, l’Ayurveda perçoit le fonctionnement du corps à travers trois phénomènes: Vāta, Pitta et Kapha. Ce sont les trois doshas, qui assurent toutes les fonctions du corps en bonne santé, et qui dérèglent le corps et produisent la maladie quand la santé fait défaut.

Ces trois doshas sont la manifestation de binômes de deux éléments: Vāta (Akash et Vayu), Pitta (Tejas et Jala) et Kapha (Jala et Prithvi).

Ce sont ces doshas qui sont le plus utilisés par les Vaidyas (médecins ayurvédiques) pour comprendre la santé et la maladie.

II. Les trois doshas gardiens de la santé et cause de la maladie

Les trois doshas sont les trois entités qui sont responsables de tout ce qui se passe dans le corps. C’est eux qui maintiennent la vie d’une personne en bonne santé (physiologie) et c’est aussi eux qui provoquent la maladie chez l’individu qui a perdu la santé (pathologie). Et, comme pour tout ce qui existe, ce sont les cinq éléments qui composent ces doshas: Vāta est fait de Akash et Vayu, Pitta de Tejas et de Jala, et Kapha de Jala et Prithvi.

Vāta Dosha

  • 1 – Composition

    Vāta est composé de Aakaash et de Vaayu. Aakaash est l’espace, l’espace de toutes les structures creuses, de tous les vaisseaux. Vaayu est le vent, le mouvement qui transporte toutes les substances, qui permet tous les échanges.

    Vaayu est aussi responsable de la communication entre différentes parties du corps qui résulte de ces échanges, ainsi que de la communication verbale.

  • 2 – Fonctions principales

    Chez l’individu en bonne santé, Vāta est ainsi responsable de la respiration, de la circulation, de la sensation, du contrôle des envies, de tout mouvement et de l’enthousiasme général. L’enthousiasme, après tout c’est la prédisposition au mouvement : sans Vāta pas d’enthousiasme.

  • 3 – Propriétés (gunas)

    Vāta, étant composé par Aakaash et Vaayu, a une tendance à la légèreté, à la sécheresse, au froid, et au mouvement.

  • 4 – Déséquilibre

    • A – Causes

      C’est donc en ayant un régime ou des activités qui engendrent ces qualités que Vāta va être exacerbé.

      Trop de légèreté : quelqu’un qui ne mange pas assez ou que des choses qui ont peu de densité (ex : galettes de riz soufflé).

      Trop de sécheresse : quelqu’un qui n’utilise pas de corps gras dans son alimentation, quelqu’un qui ne boit pas assez d’eau, ou encore quelqu’un qui ne dort pas la nuit (cela assèche le corps selon l’Ayurveda).

      Trop de froid : quelqu’un qui ne mange que des aliments froids, qui s’expose trop au froid.

      Trop de mouvement : quelqu’un qui fait trop de sport, qui voyage trop souvent, qui conduit trop, qui parle trop, qui se creuse trop la tête (la pensée aussi est un mouvement!).

      Autres facteurs : retenir ses envies (ne pas laisser s’opérer la communication entre le cerveau et les organes d’action).

    • B – Effets

      Alors, Vāta mets le désordre.

      Il augmente la légèreté dans le corps : amaigrissement, malnutrition (ex : ostéoporose).

      Il augmente la sécheresse : peau sèche, plantes de pieds qui craquent, articulations douloureuses qui « craquent » durant les mouvements.

      Aussi, la constipation : en effet, la sécheresse de la peau exprime la sécheresse d’autres muqueuses dans le corps, comme l’intestin. Selon l’Ayurveda un intestin sec ne laisse pas “glisser” les selles.

      La sécheresse provoque aussi la rigidité et éventuellement des blessures : cela s’applique aussi bien aux muscles qu’aux os, ou encore à la peau. Ainsi l’excès de Vāta peut causer des douleurs articulaires.

      Il augmente le froid : sensibilité aux courants d’air, mauvaise circulation, mauvais métabolisme, douleurs, tensions…

      Il augmente le mouvement : les idées se chevauchent, on raconte n’importe quoi, et l’on ne peut plus s’endormir.

      Aussi : mouvements involontaires, ex : tapotter du pied etc…

  • 5 – Sièges

    Vāta a son siège principal en dessous du nombril, ce qui veut dire que c’est souvent dans cette région que l’on ressentira un dérèglement, et que c’est dans cette région que l’on pourra le soigner (le colon). Les autres sièges de Vāta sont les oreilles, la peau, le dos, les jambes, les pieds, et les os.

  • 6 – Remèdes

    Puisque Vāta est dérangé par un excès de légèreté, de sécheresse, de froid et de mouvement, il sera remis en place en ayant recours à des choses lourdes, onctueuses, chaudes et stables.

    Lourdes : manger des repas bien fournis (à condition d’avoir une digestion adéquate), se couvrir “lourdement”.

    Onctueuses : ne pas oublier de mettre des corps gras dans la nourriture (un filet d’huile d’olive, une noisette de beurre), manger du poisson, des oléagineux, des raisins secs… Se mettre de l’huile sur le corps pour hydrater la peau.
    Chaleur : à nouveau bien se couvrir, prendre des douches chaudes (éviter l’eau chaude sur la tête), boire des boissons chaudes, aller au sauna/hamam/thermes.

    Stabilité : privilégier les sports lents comme certains types de yoga ou du tai chi. Profiter de la nuit pour dormir. Pratiquer des exercices de respiration doux (Anuloma Viloma par exemple).

    Limiter les déplacements.

  • 7 – Rasas

    Au niveau des Rasas et de leur influence sur Vāta Dosha:

    Madhura, Amla et Lavana calment Vāta Dosha.

    Katu, Tikta et Kashaya augmentent Vāta Dosha.

  • 8 – Infusion

    Kala Pushpa est une infusion sucrée (Madhura), légèrement piquante, onctueuse, lourde, pénétrante et chaude. Tout le nécessaire pour réguler Vāta Dosha. Cependant, il faut, bien sûr, accompagner la consommation de l’infusion par un style de vie et une alimentation adéquate (voir ci-dessus).

Pitta Dosha

Kapha Dosha


III. Les sept dhatus qui composent le corps

Les dhatus sont les éléments qui composent le corps et qui le maintiennent.

Les septs dhatus sont Rasa, Rakta, Mamsa, Medas, Asthi, Majja et Shukra. Cette séquence a un sens: Rasa est le premier produit de la digestion, et Shukra est l’ultime tissu du corps, destiné à la reproduction.

Du point de vue de l’évolution, le corps a pour but de propager l’espèce. Similairement, du point de vue de l’Ayurveda, le corps est un organisme dont le but est de transformer la nourriture en la substance la plus raffinée, le plus riche, capable de donner la vie : Shukra Dhatu. Et entre la nourriture et Shukra Dhatu, les 6 dhatus sont les étapes de transformation intermédiaires, qui composent le corps. Comme dans les théories de l’évolution : tout le corps est un organisme dont l’objectif est d’engendrer la vie et de perpétuer l’espèce.

En premier lieu donc la Nourriture. L’alimentation est la principale manière dont nous nous nourrissons, mais ici la Nourriture avec un grand N est tout ce qui nourrit le corps : l’air que nous respirons, ce que nous pensons, nos sensations etc… Toutes ces choses vont participer au bon développement de notre corps, et à la capacité d’engendrer un nouvel être.

Cependant, l’explication qui suit est centrée sur la nourriture que nous mangeons.

Les aliments, après ingestion, sont pris en charge par ce que nous appellerons la digestion ou le métabolisme, en Ayurveda nous parlons d’Agni, le feu digestif.

Rasa Dhatu


Rasa Dhatu c’est la première substance que l’appareil digestif extrait de la nourriture.

La nourriture est quelque chose d’étranger dans la mesure où elle ne fait pas partie de notre corps. Mais, grâce aux opérations de Jatharagni, cette nourriture est transformée en une substance qui peut être absorbée par nos muqueuses pour devenir partie intégrante de notre corps. Cette substance, c’est Rasa Dhatu.

Rasa Dhatu est un liquide, formé largement de l’élément Jala, qui va circuler dans le corps et nourrir tous les autres tissus : la peau, les muscles, les os, le cerveau, tous les organes… Rasa Dhatu apporte de l’énergie, un bon teint et la satisfaction de manière générale.

  • 1 – Fonctions

    Rasa Dhatu va aussi participer à la formation de tissus secondaires comme le lait maternel et le sang menstruel. La qualité de ces tissus secondaires va donc dépendre de la qualité de Rasa Dhatu. Ainsi, l’infusion Aditi, en purifiant Rasa Dhatu, aide à la production d’un lait maternel sain.

  • 2 – Dysfonctions

    Rasa Dhatu va aussi fluctuer selon le mode de vie des personnes.

    Un mode de vie trop sédentaire avec une alimentation trop lourde va créer des lourdeurs dans Rasa Dhatu et un engourdissement général, similaire aux excédents de Kapha Dosha.

    A l’inverse, un mode de vie trop intensif avec une alimentation trop légère va engendrer un assèchement de Rasa Dhatu et la malnutrition de tout le corps qui se nourrit de Rasa Dhatu : sécheresse générale, soif, fatigue, sensation de vide… Et une intolérance au bruit.

  • 3 – Remèdes

    Pour remédier à un Rasa Dhatu devenu lourd à cause de mauvaises habitudes alimentaires, rien de plus simple : arrêter de grignoter, manger à des heures régulières, léger (exemple : potages), sauter le petit déjeuner, ou jeûner.

    Pour remédier à un Rasa Dhatu asséché, une alimentation légère, riche en liquides et privilégiant les saveurs Madhura, Amla et Lavana.

  • 4 – Infusions

    Et le tout avec un petit coup de pouce de Atma : une infusion Tikshnapaka pour alléger Rasa Dhatu.

    Et si au contraire Rasa Dhatu est asséché, l’infusion Dauhridaya est le premier choix.

Rakta Dhatu

Mamsa Dhatu

Meda Dhatu

Asthi Dhatu

Majja Dhatu

Shukra Dhatu


IV. Les six rasas : présents dans nos nourritures et boissons, ultimes outils du maintien de la santé

Ici Rasa veut dire saveur, et les Rishis ont expliqué les qualités thérapeutiques des saveurs en fonction des éléments (parmi les 5 éléments) qui en sont l’origine.

A nouveau la séquence dans laquelle les Rasas sont énoncés est significative : pour rester en bonne santé, on doit consommer les 6 Rasas mais notre alimentation devrait être composée majoritairement de Madhura Rasa, et d’une moindre portion de chaque Rasa jusqu’à Kashaya qui devrait constituer la plus petite partie de notre alimentation.

Madhura Rasa


Madhura Rasa est la saveur sucrée, qui plait aux enfants et attire les fourmis.

Cependant, lorsque nous disons Madhura cela ne veut pas dire sucré entendu comme “avec du sucre” mais plutôt le sucré que l’on trouve dans la nature. Comme lorsque l’on dit “sucres lents” et les “sucres rapides”.

Le riz, le blé, le lait sont des exemples d’aliments qui ont la saveur Madhura.

  • 1 – Composition

    Madhura Rasa est composé de Prithvi et de Jala.

  • 2 – Propriétés

    C’est un Rasa qui va être lourd, onctueux, froid et anabolique.
    Madhura Rasa va donc augmenter Kapha dosha ainsi que tous les dhatus.

    À l’inverse Madhura Rasa va apaiser Pitta Dosha grâce à ses propriétés froides et lourdes et apaiser Vāta Dosha grâce a ses propriétés onctueuses et lourdes.

    De manière générale Madhura Rasa est bénéfique lorsqu’il y a sensation de chaleur, amaigrissement et agitation.

    C’est le Rasa qui nourrit le corps le plus, et qui devrait constituer la majeure partie de notre alimentation.

  • 3 – Infusion

    Aditi est l’infusion Madhura par excellence.

Amla Rasa

Lavana Rasa

Katu Rasa

Tikta Rasa

Kashaya Rasa


Panier